L'Errante

Elle taira les secrets du cœur et les serments inconscients,

Elle ira mettre des fleurs sur cette stèle maudite,

Sans un cri, sans un pleur, l'amour est déficient,

Le soir est là, la nuit tombe exacte, à l'heure dite.

Le silence englobe le mensonge et la peur,

Sentir cette angoisse qui remonte de ses entrailles,

Se laisser bercer par les illusions et leur douce torpeur,

Plutôt que d'affronter ses erreurs et chercher la faille.

"Pourquoi le vent amène-t-il de si funestes choses?"

Elle ne sait pas, elle hausse les épaules,

La rose s'est fanée avant que d'être éclose,

Et les larmes qui coulent arrosent le pied des saules.

"Je ne savais pas la cruauté de ce monde."

Elle parle ainsi en allant sur ce chemin désenchanté,

Et son âme tourmentée dans ses souvenirs vagabonde,

Mais elle ne peut le nier, son cœur est hanté.

Maintenant, elle s'assoit et sourit bêtement.

Que reste-t-il à faire, sinon attendre le signal?

Vivre peut-être, et continuer bien sagement,

En ignorant cet instinct impur et animal.

"Si je me crevais les yeux, cela serait plus facile,

Je ne verrais plus rien. Je ne veux plus rien voir."

Elle rit et reprend sa route de son petit pas agile,

En songeant aux bateaux qui glissent sur la Loire.